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Le brunissage de l’or

L’art de la dorure des thankas

Le thanka est la forme de peinture traditionnelle du Tibet et du Népal. Il s’agit d’images religieuses du Bouddhisme, dont les mandalas sont l’une des figures les plus célèbres. Une autre des spécificités de cet art est d’avoir recours à une technique de dorure bien particulière : le brunissage, qui vise à polir le métal pour le faire briller.

Lors de l’un de mes séjours au Népal, j’ai eu l’opportunité de travailler pendant deux mois en compagnie d’artistes népalais. Notamment avec Buddha Tamang qui m’a initié aux techniques locales de fabrication des thankas, et en particulier, au brunissage de l’or.

Photo de Buddha et moi dans notre atelier de Katmandou
Buddha et moi (à gauche) dans notre atelier de Katmandou

Fort présent là-bas, le brunissage de l’or sur toile a pour objectif de créer un contraste entre mat et brillant sur une même surface d’or appliqué au pinceau. (On utilise parfois la même technique avec de l’argent.) Pas question de feuille d’or ici ! Et un résultat d’exception…

Mon mandala du Phénix et du Paon Numéro 2-B tendu sur cadre, presque terminé, reflets d'or suite au brunissage
Le résultat final du brunissage

Préambule

Comme le montre les photos, nous avons travaillé, mon tuteur et moi-même, sur deux versions du même tableau, afin d’échanger facilement nos expériences.

Photo de moi travaillant sur un détail de la toile
Détail de mon travail sur la toile

Les toiles sur lesquelles nous avons travaillé étant mes créations personnelles, nous n’aborderons ici que l’aspect technique à travers ce que je peux témoigner de ma propre expérience.

Je n’évoquerai donc pas ici la composition du thanka traditionnel, qui se réfère à une riche tradition religieuse. Un héritage dont les modèles très précis sont sensés être suivis scrupuleusement par les artistes qui les reproduisent. (Mais certaines déviations existent…) Pour cet aspect, je recommande de se diriger vers des publications d’experts, comme celles sélectionnées par la librairie du musée des Arts asiatiques – Guimet.

Matériel et espace de travail

Les couleurs des thankas sont traditionnellement composées de pigments minéraux. Ici, nous avons utilisé des liants acryliques pour incorporer nos pigments. Les couleurs sont donc diluées à l’eau et appliquées au pinceau, sans spécificité particulière.

Photo des pots de peinture de couleurs que nous utilisions
Notre palette de couleurs

Le support est une toile traditionnellement apprêtée par friction contre une roche calcaire. Elle n’est pas montée sur un châssis mais tendue sur un cadre extérieur dont elle sera détachée une fois la peinture terminée et sèche. En effet, la plupart des thankas sont destinés à être cousus sur un brocart (pièce de tissu brodée). La toile doit donc rester flottante.

Ce qui facilitera également le brunissage de l’or. Car lors de cette opération, la surface à brunir doit être posée sur un support dur (une épaisse planche de bois par exemple). Ceci afin que la pointe du brunissoir trouve un appui solide et ne perce pas la toile contre laquelle il frotte… L’épaisseur d’un châssis compliquerait cette tâche en empêchant la toile d’être en contact direct avec le support.

Préparation et application de l’or

Cette étape n’intervient que lorsque l’application des couleurs de la peinture est terminée (ou presque). Certaines parties du dessin en couleur pourront aussi être rehaussées de filets d’or. Mais pour les grandes zones de dorure, on prépare au préalable la surface à dorer avec un aplat de peinture ocre jaune.

Photo des petites pastilles d'or et de la coupelle métallique où elles sont fondues
Les pastilles d’or pur, vendues en petits sachets

L’or utilisé se présente sous la forme de petites pastilles d’or pur (24 carats). On le mélange dans un peu d’eau à un soupçon de suif (graisse d’origine bovine* séchée, d’aspect résineux) qui sert de liant à la mixture obtenue. On fait ensuite fondre le tout précautionneusement. Ici à la flamme d’une bougie.

Chauffage de la mixture d'or à la flamme de bougie
Chauffage de la mixture

Comme le montrent les photos, ces opérations sont effectuées de manière très artisanale, mais non moins savante !

Zoom sur la mixture d'or liquide que l'on mélange au pinceau dans une coupelle
Mixture liquéfiée et prête à l’emploi

Une fois la mixture homogénéisée et refroidie, on l’applique au pinceau ou à la brosse, comme une peinture à l’eau.

Application de l'or liquide au pinceau sur la toile
Application de l’or au pinceau droit (ou brosse)

Une fois la première couche sèche, on peut en appliquer une seconde. De 4 à 6 passages, en croisant les traits d’une fois sur l’autre, seront nécessaires pour obtenir un aplat d’or uniforme.

Zoom sur un aplat d'or terminé avant brunissage
Zoom sur l’aplat d’or terminé

À ce moment, cet aplat d’or semble d’un aspect assez mat – disons satiné. Il apparait encore plutôt terne comparé à l’éclat de la feuille d’or que nous utilisons en occident.

La technique du brunissage

Lorsque l’or est bien sec, on va alors pouvoir le polir par frottement et ainsi le faire briller grâce à un outil spécifique : le brunissoir.

Notons en l’occurrence que l’outil qui nous a servi de brunissoir est bien artisanal : Il s’agit d’une petite ampoule flamme montée sur une tige de bambou ! (Alors que les brunissoirs usuels se composent généralement d’une pointe en pierre d’agate sur des manches de bois et métal.)

Dessin sur l'or au brunissoir Photo vue de dessus
Début du travail au brunissoir, dessin de motifs sur l’or

L’intérêt tout particulier de cette opération est de pouvoir créer des contrastes entre l’or que l’on va faire briller et celui que l’on va volontairement laisser plus terne.

Nous choisissons donc une pointe fine pour notre brunissoir. Ce qui va nous permettre de dessiner, par friction sur l’or, des formes et des motifs qui se détacheront du reste de la dorure en accrochant différemment la lumière selon l’éclairage.

Détail du brunissage de l'or à la main Photo de profil
Brunissage avancé, toile vue de profil sur le support de bois

La dorure ainsi obtenue ne reste donc pas qu’un simple aplat doré (contrairement, là encore, à la feuille d’or) mais devient dessin à part entière. Elle accueillera subtilement (et brillamment, au sens propre comme figuré !) tous les motifs ou décors que l’on souhaite lui attribuer. C’est ce qui donne à cette technique bien particulière son rendu resplendissant !

Brunissage de l'or en cours sur mon second Mandala du Phénix et du Paon
Rendu du brunissage de l’or en cours

Petit glossaire :

  • Brunissage : Action de polir un métal.
  • Thanka (Tanka ou Thangka) : du tibétain signifiant « objet plat ». Il s’agit d’images religieuses (de peintures traditionnellement) du bouddhisme tantrique, objets de culte ou supports à la méditation.
  • Mandala : Mot provenant du sanscrit qui signifie « foyer, cercle » dans le sens où celui-ci émet une forme de rayonnement. Par extension : sphère, communauté. Ce terme fait donc référence à une forme de soleil spirituel, bénéfique à ceux qu’il éclaire ! Les mandalas les plus répandus, dans l’hindouisme et le bouddhisme, sont la représentation schématique du lieu de résidence d’une divinité. Dans ce cas, le mandala abrite, figurés sous forme de symboles, tous les attributs et qualités associés à cette divinité. C’est ainsi qu’il sert de guide à la méditation, pour ceux qui en connaissent les significations. Le mandala est donc d’essence symbolique et spirituelle, avant toute considération visuelle ou artistique !
    Pour plus de détails, voir l’article :
    Le Mandala, bien plus qu’une image.

Note

* À propos du suif : Au Népal, pays de tradition hindouiste, la vache est sacrée… Le buffle et la bufflonne sont moins chanceux ! Bien que leur viande ne soit pas consommée par les personnes de religion hindou, elle peut par contre l’être par les autres… Le suif dont il est question ici provient donc du buffle.


J’espère que cet article vous a intéressé !

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Le Mandala : Bien plus qu’une image

Un phénomène de mode

Le terme « mandala » s’est largement répandu en occident : carnets de coloriage, accessoires de dessin pour enfants… Une recherche du mot mandala sur le web aboutira à une profusion d’images hétéroclites, pas toujours très pertinentes…

De fait, cette appellation est très largement et abusivement employée de nos jours pour désigner toute sorte d’images de composition circulaire constituées de motifs décoratifs ou géométriques… Et en tant qu’artiste, je dois avouer participer moi-même de ce phénomène.
Mais sans dénigrer la qualité graphique et artistique de cette imagerie moderne, il faut souligner qu’à l’origine, la valeur décorative du mandala n’est qu’un effet secondaire d’une figure à vocation hautement symbolique et spirituelle (et religieuse pour les initiés).

Composition graphique et géométrique colorée directement inspirée du mandala de Kalachakra - Un palais carré à étages dans des cercles concentriques
Mon interprétation personnelle, et purement graphique, du Mandala de Kalachakra

Un concept d’abord…

Selon Tcheuky Sèngué, auteur de La Petite encyclopédie des divinités et symboles du bouddhisme tibétain :

« La notion de Mandala se rencontre dans les védas, bien avant le bouddhisme. Le terme y est utilisé dans le sens de cercle, c’est-à-dire de foyer, exerçant un certain rayonnement ; il peut ainsi qualifier le soleil ou la lune, une communauté bénéficiant de l’influence d’un maître ou d’un roi, etc. »

Le mandala est donc essentiellement un concept. Il consiste à réunir en un tout cohérent un centre actif et son champ d’action.
Autrement dit, il faut oublier l’image et considérer avant tout le mandala comme un principe d’ordre philosophique. Celui-ci permet de comprendre et de décrire une entité dans son intégralité, en reliant toute sa sphère d’influence à sa cause première.

Par exemple, on pourrait définir une lumière sous forme de mandala en considérant à la fois sa source, son rayonnement, l’ensemble des objets qu’elle éclaire et des ombres qu’elle produit.

En cela, le mandala représente l’unité dans la diversité. Et c’est aussi en cela qu’il est un guide de méditation, une aide à se recentrer et à harmoniser les opposés.

…Une image ensuite

La représentation graphique que nous connaissons n’est donc qu’une résultante de ce concept premier. Le mandala étant un principe intellectuel, c’est à travers l’image qu’il trouvera ultérieurement une expression concrète.
En réalité, la figure que nous connaissons n’est que l’allégorie du mandala lui-même : elle est l’image qui incarne l’idée.

C’est d’ailleurs pour cette raison qu’il existe plusieurs incarnations du mandala dans le bouddhisme : sous forme de peintures, de diagrammes composés de sables colorés, de sculptures, d’objets rituels ou de statues de divinités…

Ainsi donner le nom de « mandala » à l’image qui le représente relève de la métonymie.
Tout comme on donne à un portrait le nom de la personne qu’il représente… Pourtant nous conviendrons tous qu’un individu ne se résume pas à sa simple apparence.
Un phénomène d’assimilation que souligne justement René Magritte dans son tableau La Trahison des images célèbre pour sa légende « Ceci n’est pas une pipe », indiquant par là même que le dessin se distingue de l’objet qu’il représente, et qu’il est loin d’en posséder toutes les propriétés.

Il faut bien garder ceci à l’esprit pour pouvoir appréhender correctement le mandala dans les diverses formes qu’il prendra.

Photographie d'un Thanka original (peinture du Népal) représentant le mandala de Kalachakra - le diagramme du palais de cette divinité
Le Mandala de Kalachakra : Un thanka népalais

Les formes du mandala traditionnel

D’un point de vue formel, les sujets qui revêtent l’appellation de mandala dans le bouddhisme peuvent être fort différents. Ainsi, on trouvera les mandalas des éléments (des figures géométriques associées aux constituants symboliques de la matière : terre, eau, feu et vent), les mandalas de l’univers (représentant le monde organisé selon la cosmologie bouddhiste traditionnelle) et les mandalas d’une divinité (représentant la demeure intangible d’une divinité accompagnée de son entourage).

Ce dernier type de mandala est sûrement celui qui possède la plus grande variété. Car les divinités du bouddhisme sont nombreuses. (Il existe non seulement une grande variété de divinités, de protecteurs, de Bodhisattvas, mais aussi un grand nombre de Bouddhas différents, outre Siddhartha Gautama (dit Shakyamuni), le Bouddha qualifié d’«historique» que nous connaissons le plus en occident.)

Précisons à nouveau que si les mandalas sous forme d’images en deux dimensions (peintures ou compositions en sable) sont les plus connus des amateurs profanes (dont je fais partie), ils sont en fait la représentation de phénomènes qui se déploient dans toutes les dimensions.

Quelques repères visuels

Le plan schématique présenté ici trace les grandes lignes du dernier type de mandala évoqué ci-dessus, relatif à une divinité et à sa « demeure inévaluable ». Dans une assez grande majorité des cas, on peut interpréter leur aspect comme le plan d’un palais vu de dessus. Loin de chercher à décrire en détail la structure de ces mandalas, d’une symbolique particulièrement riche et complexe, je me contenterai ci-après de mentionner quelques éléments visuels facilement identifiables pour l’observateur curieux.

Plan détaillant la structure architecturale d'un mandala selon sa conception originale dans le bouddhisme tibétain

L’architecture de ce plan est principalement inspirée du mandala de Kalachakra (une divinité notoire), avec quelques déviations, afin d’inclure des caractéristiques plus générales présentes dans d’autres mandalas.

En effet, plusieurs éléments récurrents peuvent être retrouvés dans de nombreux mandalas : Les cercles protecteurs, les portes, les murs et les promenades qui dessinent les carrés intérieurs…

Les différences d’un mandala à un autre se trouveront dans le nombre d’étages du palais, dans les divinités et les symboles représentés dans l’enceinte du celui-ci ou parfois dans la configuration des cercles extérieurs. N’ayant pas de connaissances religieuses particulières en la matière, j’ai volontairement exclu toutes les divinités et symboles les représentant. Ceci afin d’éviter toute mauvaise interprétation et de concentrer mon propos sur la composition graphique.

Les cercles de protection

Tout autour du mandala des cercles protecteurs ceinturent son enceinte. Il en existe de différentes sortes, mais voici les plus courants :

Le cercle de flammes

Les flammes d’un feu purificateur ne laissent passer que les esprits éveillés et bienveillants et repoussent les mauvais esprits. Il existe aussi des cercles d’eaux aux vertus purificatrices similaires. (Voir plus haut la photo du Thanka représentant le Mandala de Kalachakra.)

Le cercle des vajras

Le « Vajra » (« Dorjé » en tibétain) qui signifie « diamant » et « foudre » est un symbole essentiel du bouddhisme, et un objet rituel omniprésent dans la pratique du culte. Il se présente sous la forme d’un petit sceptre dont les extrémités se divisent en cinq ou neuf branches recourbées. Il se rapporterait originellement à l’arme du dieu hindou Indra, porteur de la foudre…

Arme qui, pacifiée, foudroie l’ignorance – et par la même éclaire l’esprit…
Le vajra symbolise dans le bouddhisme le caractère indestructible de l’esprit et de l’Éveil.

Le mandala étant en fait l’image aplatie d’un palais en 3 dimensions, le cercle protecteur de vajras forme un dôme tout autour de lui.
D’autre part, le palais lui-même repose sur un gigantesque double vajra croisé dont on peut parfois discerner les extrémités. (Voir plus bas le paragraphe concernant les portes.)

Le cercle des « 8 cimetières »

Les 8 cimetières représentent la mort des 8 consciences. Elles sont, selon le bouddhisme, les différentes modalités par lesquelles notre esprit fait l’expérience du monde extérieur et de nous-mêmes.

Cinq de ces consciences sont relatives à nos perceptions à travers les 5 sens : La vue, l’ouïe, le toucher, l’odorat et le goût.

À celles-ci s’ajoutent :
La conscience mentale, celle de l’intellect qui conçoit les idées et les représentations que nous attribuons à notre environnement.
La conscience perturbée, relative à l’altération de notre perception à travers le prisme de nos défauts, de notre ignorance, de nos sentiments et émotions…
Et la conscience réservoir, relative au karma.

Ces 8 cimetières qui encerclent le mandala signifie qu’il faille se débarrasser de notre conception duelle du monde qui sépare ce que nous concevons comme notre égo de ce que nous concevons comme appartenant à autrui.

Le cercle du lotus à mille pétales

Qui est normalement le plus proche du centre. Le lotus signifie la pureté (symbole issu du caractère hydrophobe de la feuille de lotus sur laquelle l’eau glisse sans jamais la mouiller ni la tâcher.) Il indique tout à la fois le caractère sacré et immaculé de ce qui se trouve à l’intérieur de son enceinte, et la pureté d’âme dont il faut faire preuve pour y pénétrer.

Les éléments architecturaux

La majorité de ces éléments se retrouvent dans de nombreux mandalas et nous donnent des indices sur la structure générale du palais céleste de la divinité qui y réside.

Les portes

S’ouvrant au centre de chaque côté de l’enceinte carrée, celles-ci sont reconnaissables à leur forme en « T ». Chacune d’elle est orientée dans une des quatre directions cardinales. Elles vont donc toujours par quatre.

Au dessus des portes, se trouvent les linteaux. Contrairement à l’ensemble du palais, qui est vu de dessus, à la manière d’un plan d’architecte, les linteaux sont représentés en vue de profil. Leur image apparaît donc comme rabattue au sol par rapport au reste. De plus, on peut parfois distinguer derrière les linteaux la forme des extrémités du vajra croisé géant sur lequel repose le palais.

Les toits

À la périphérie de l’enceinte carrée et répartis en bandes successives tout autour des murs, ils sont représentés par des frises. Les bandes extérieures sont les extrémités de la toiture, leurs motifs rappelant des tuiles. Les motifs des bandes intermédiaires évoquent les guirlandes de perles suspendues sous les toits. Enfin au plus près de l’intérieur la dernière bande représente les poutres qui soutiennent la toiture. Sur l’extérieur, des parasols et bannières de victoire (également vus de profil à l’instar des linteaux qui ornent les portes) décorent souvent les toits.

Les murs

Ceux-ci sont composés de 5 cloisons consécutives juxtaposées, chacune d’une couleur différente. (Le nombre 5 ayant plusieurs références importantes dans la symbolique bouddhiste.)

La promenade

Comme la galerie d’un cloître, celle-ci longe l’enceinte et encadre le bâtiment. C’est le chemin que doit emprunter le méditant initié. Le long de celui-ci, il rencontrera les divinités et les attributs appartenant à l’entourage de la divinité principale (qui réside au centre du mandala). Ce parcours lui permettra de développer les qualités requises à son Éveil (au sens bouddhiste, donc spirituel, du terme). Les promenades se trouvent parfois uniquement à l’intérieur, et dans d’autre cas à l’extérieur comme à l’intérieur. (Comme c’est le cas dans le mandala de Kalachakra et sur le schéma présenté ici.)

Longeant la promenade du côté intérieur s’élèvent les façades, dont la forme trapézoïdale indique une mise en perspective, et dont la couleur est différente selon l’orientation. (Elles revêtent ainsi 4 couleurs, une pour chaque direction cardinale – Ces couleurs varient selon la divinité à laquelle est attribué le mandala.)

On notera au passage que le sud ne se situe pas en bas de l’image du mandala. La porte dessinée en bas est celle orientée à l’est, au levant. Car elle est la porte d’entrée, et c’est par elle que le méditant commencera son parcours.

Si le palais possède plusieurs étages, tous les éléments ci-dessus se retrouveront à chacun d’eux. (Les murs, les 4 portes, etc.)

Photographie d'un Stupa, monument emblématique du bouddhisme, dôme blanc surmonté d'une flèche dorée à base carrée qui s'élève par échelons comme une pyramide
Le Stupa de Bouddhanath à Katmandou au Népal. On discerne la base carrée et ses accès par quatre escaliers disposés à chaque points cardinaux, à l’instar des portes d’un mandala

Les étages du palais

Selon les mandalas, les palais ne possèdent pas toujours plusieurs étages.

Et dans certains cas, les étages supérieurs ont une forme circulaire, contrairement au premier étage de base carrée. Cette configuration particulière rappelle l’architecture des stupas, les monuments emblématiques du bouddhisme – qui eux-mêmes sont une forme de mandala.

Disons pour finir un mot sur les 3 premiers étages du mandala de Kalachakra, puisque ceux-ci sont également reproduits sur mon schéma explicatif et dans l’œuvre que je lui ai dédiée.

Dans la symbolique propre à Kalachakra, le premier étage est relatif au corps. Le second est relatif à la parole, et le troisième à l’esprit.
La similitude d’architecture entre les différents étages qui se répondent et créent une mise en abîme, indique clairement le jeu de correspondances et d’interactions qui existe entre ces différents niveaux.
Précisons enfin qu’à l’intérieur du troisième étage se trouvent les deux « sous-mandalas » de la « Conscience Primordiale » et de la Félicité, au centre duquel trône Kalachakra.

Toutes ces indications ne sont que des repères généraux, d’ordre graphique, mais qui, je l’espère, vous aideront à mieux appréhender cette figure à la symbolique riche et passionnante. Car le mandala mérite que l’on s’y intéresse bien au-delà de son aspect décoratif.

Pour ceux qui souhaitent aller plus loin dans cette découverte fascinante, je recommande les quelques ouvrages d’experts cités ci-dessous.

Sources et Bibliographie

La Petite encyclopédie des divinités et symboles du bouddhisme tibétain, Tcheuky Sèngué ; Éditions Claire Lumière. (Un ouvrage clair et instructif, vivement recommandé à tous ceux qui souhaitent découvrir la philosophie bouddhique à travers une analyse étendue de son iconographie.)

The Mandala, Sacred Circle in Tibetan Buddhism, Martin Brauen ; Serinda Publications. (Une traduction française existe chez Favre.)

L’initiation de Kalachakra, Alexander Berzin ; Sagesses.


Merci à tous les courageux qui ont lu cet article jusqu’au bout !
N’hésitez pas à me faire part de vos commentaires…

Super Mario : portrait d’une success-story

On ne présente plus Mario, le moustachu le plus mondialement célèbre à l’écran depuis Charlie Chaplin. Né sous une bonne étoile (qui l’accompagnera tout au long de ses aventures), le petit Mario vit le jour dans une entreprise de cartes à jouer*, ce qui augurait déjà de son brillant avenir dans le monde ludique.
Bientôt, les couleurs de son costume, presque identiques à celles du fameux Super Man (bleu et rouge avec une touche de jaune), lui promettraient de pouvoir lui aussi arborer la glorieuse épithète de « Super ».

Fifty Shades of Mario

Le pop art à la sauce retro-gaming !

Les couleurs de Mario déclinées dans un tableau à neuf cases

Un exercice de style sur les différentes couleurs de Mario au fil du temps et des technologies… Et un clin d’œil au savoureux Super Mario Maker sur Wii U. À l’instar de mon premier fan art (à voir ci-dessous), le dessin est inspiré de Paper Mario.

Jumpman, les prémices du succès

Opportunément tuyauté par son papa, le très averti Shigeru Miyamoto, le tout jeune Mario (alors surnommé Jumpman) fit ses débuts dans le jeu vidéo d’arcade Donkey Kong. C’est ainsi qu’il fit la connaissance de la Princesse. Ils resteraient partenaires à l’écran comme dans la vie tout au long de leur prolifique carrière. (Oublions le désastreux film de cinéma qui dévoya l’histoire en faisant de son frère Luigi le favori de la Princesse…)

Mais c’est avec la série des Super Mario Bros., dont le premier opus sortit en 1985 sur la NES*, que Mario trouvera son identité véritable. Une identité qu’il continuera d’affirmer pour se hisser vers la gloire, malgré une famille nombreuse que les frasques créatives de son papa ne cesseront d’agrandir. Imperturbable, il poursuivra son ascension sans jamais prendre ombrage du succès de ses nombreux frères et sœurs : Zelda, Link, Samus, Falcon, Fox… et tant d’autres stars de Nintendo portées aux nues.

Et après ?…

Bondissant de succès en succès, les aventures qui suivirent achevèrent de faire de Mario le (super) héros accompli que nous connaissons. Et le seul plombier dont on ne pourrait jamais voir les fesses dépasser du pantalon, et ce malgré les mouvements les plus acrobatiques… (Merci la salopette ; Avec ses bretelles, elle assure un maintien toujours impeccable.)

Fortune faite (et en pièces d’or, s’il vous plaît…) Mario pouvait enfin prendre du temps pour ses loisirs. Après avoir été simple arbitre à ses débuts, il devint tennisman lui-même. Il s’essaya également, et toujours avec brio, au karting, au golf, au foot de rue et à une liste de sports si variés qu’elle ferait rougir le plus médaillé des champions olympiques…
Mais quel est donc le secret d’une telle santé ?

Mario serait-il végétarien ?

Avec un régime alimentaire majoritairement composé de champignons et de plantes à fleur (vraisemblablement épicées), occasionnellement complété par des feuilles ou des carottes, on peut légitimement se poser la question. Pourtant, Mario n’hésitera pas à jeter sur ses ennemis tous les légumes qu’il récoltera dans Super Mario Bros. 2… Alors comment interpréter ces attitudes contradictoires ? Le mystère reste entier… Mario ne dégusterait-il pas une petite soupe de tortue en cachette de temps en temps ?

En définitive, une réponse nous est apportée tardivement… Dans Paper Mario, il se fera concocter toutes sortes de petits plats. Une alimentation variée serait donc le vrai secret de sa forme.

Super Mario Actors Studio

Mon premier hommage illustré à la vedette de Nintendo. (Techniques mixtes : Dessins à la main et peinture numérique sous Adobe Photoshop.) Malgré un style principalement inspiré de Paper Mario, mon ambition était d’intégrer à ce triptyque des éléments de tous les jeux précédents.

Un paysage verdoyant du royaume Champignon où Mario court vers la ville
(1) Mario est en retard. Il s’empresse de rejoindre la capitale du Royaume Champignon qui s’étend autour du château.
L'arrivée de Mario dans une pièce ressemblant à des coulisses où ses amis s'affairent
(2) Comme toutes les stars, Mario s’est fait attendre… Mais il arrive enfin au château. Autour de lui c’est l’effervescence, tous s’activent à préparer quelque chose…
Un théâtre regroupant tous les personnages de Mario tant sur la scène que dans le public
(3) Une pièce de théâtre ! Les acteurs prennent place sur scène alors que le public s’installe… Tout est bientôt prêt pour que le spectacle commence. On attend plus que l’ultime spectateur… Et c’est nous : Tout commencera lorsque nous allumerons notre console de jeu!

Allô ! Qui est au bout du tuyau ?

Des personnages emblématiques de tout l’univers Mario se baladent dans ces trois illustrations !
Outre Mario, Luigi, la Princesse Peach /Toadstool, Toad et Bowser, retrouvez aussi :

• Apparus dans Super Mario Bros. 1 :

Les Goombas et les Koppas Troopas, un Scarabée Bourdonnant, deux plantes Piranha et Lakitu

• Apparus dans Super Mario Bros. 2 (Super Mario USA de son titre original) :

Wart, Mouser, Tryclyde, Ostro (alias Birdo), les Shy Guys (Maskass en français…), une Bob-omb (dans sa version « girly » de Paper Mario)…

• Apparus dans Super Mario Bros. 3 et Super Mario World :

Boo, Cléo la Clé (que d’autres nomment Torti Taupe…), Roy et Morton Koopa Jr. Sans oublier Yoshi bien sûr… On peut aussi apercevoir la chevelure de Ludwig Von Koopa assis au premier rang des spectateurs…

• Venus de Super Mario World 2 Yoshi’s Island :

Les Albatros , les Mainates, et, bien caché dans le public, Huba Huba, le monstre aqueux présent sur l’illustration de la boîte occidentale du jeu. Le cadre des illustrations est également inspiré de l’introduction du jeu.

• Et de Paper Mario :

Quelques compagnons de Mario dans son aventure sur Nintendo 64 : Tincel le bébé étoile, Goombario, Kooper (à la caméra) et Bombinette.

Tous les personnages de Super Mario sont soumis aux copyrights de Nintendo.

Le messie du jeu de plates-formes

Personnellement, ma rencontre avec Mario remonte à sa première performance dans une œuvre en noir et blanc : Super Mario Land sur Game Boy. Une révélation ! Après ce premier contact bouleversant, j’eus tôt fait de découvrir les autres épisodes de ce monument du 10e art.

Notons que si Super Mario Land a lancé une série à part entière dédiée à la console portable (et développée par une équipe différente), son gameplay* reste néanmoins très similaire à celui des Super Mario Bros. Et s’il s’agissait du troisième jeu de la série en Europe, il était en fait le cinquième à l’échelle planétaire. En effet, le Super Mario Bros. 2 original japonais, ne sera découvert par les petits européens que bien plus tard, sous le tire The Lost Levels. Et Super Mario Bros. 3, déjà bien connu au Japon, se fera attendre encore un an avant de conquérir notre continent. Toujours quelques cartouches d’avance, ces japonais…

Nouveaux looks pour de nouvelles vies (1-Up pour les intimes…)

Toujours en phase avec son époque, Mario a su prendre du volume à l’arrivée des consoles nouvelle génération. Déambulant en long et en large sur les podiums de la Nintendo 64, son nouveau look fut unanimement salué par la critique, malgré une garde-robe qui laissait entrevoir quelques polygones disgracieux.

J’avoue pour ma part, avoir toujours eu une préférence pour le charme du dessin en 2D. Et mes amours n’allaient pas rester insatisfaites, car notre plombier préféré s’apprêtait encore à nous surprendre avec la sortie du somptueux Paper Mario (Mario Story sous son titre original).
Une fois de plus, après sa récente conversion à la mode 3D, Mario allait totalement se renouveler, sans aucune faute de goût, dans un jeu qui ne relevait plus de la plate-forme classique, mais du RPG*. De surcroit, il retournait aux sources spirituelles de ses premières aventures avec des sprites* qui retrouvaient le dessin en deux dimensions des origines et une animation soignée et expressive. C’est à cette occasion que je réalisai mon premier fan art.

Pour finir, et rendre les honneurs à qui ils sont dus, l’idée que les personnages de Mario sont des acteurs jouant un spectacle pour nous divertir est très implicitement suggérée par l’écran titre de Super Mario All Stars sur Super Nintendo. Encore une preuve, s’il en fallait, du génie des créateurs de Nintendo. Merci à eux.

Note

* Nintendo, avant de se rendre célèbre dans l’industrie vidéo-ludique, était spécialisé dans la fabrication de cartes pour un jeu traditionnel japonais : le Hanafuda.

Petit glossaire pour les non-initiés :

Gameplay : C’est le système de jeu. À la fois son principe de fonctionnement et la manière de prendre en main les commandes. La jouabilité, terme inadéquat pour traduire le gameplay, n’est en fait qu’une partie de celui-ci, elle se rapporte plus précisément au contrôle du jeu et à sa qualité (est-il intuitif, réactif, fluide…) On pourrait plus ou moins comparer la jouabilité à la terminologie moderne d’UX (l’expérience utilisateur). Alors que le Gameplay regrouperait à la fois l’UX, l’UI (l’interface utilisateur) et le concept du jeu en lui-même.

NES : Nintendo Entertainment System, la première console de salon 8 bits à cartouches de jeu interchangeables créée par Nintendo.

RPG : Role Playing Game. Jeu de rôle ; Un type de jeu où l’exploration prend une part importante (alors que d’autres jeux, comme les jeux de plates-formes, se concentrent sur l’action) et où les personnages principaux ont la capacité de développer leurs compétences au fil de l’aventure. Le jeu de rôle se distingue également par son aspect narratif très élaboré. L’histoire nous est dévoilée progressivement suivant un scenario long et complexe.

Sprite : les éléments mobiles d’un jeu vidéo : personnages et objets, animés ou non, qui se distinguent ainsi du décor.

Pour finir voici un petit site web sur notre héros à moustache, que j’ai trouvé fort sympathique (et assurément concocté par un vrai fan !)
Malheureusement, la dernière actualisation du site est – pour le moins – assez ancienne… Mais il n’y a jamais d’info périmée pour les amateurs de jeux rétro !
Voici le lien : www.mario-museum.net